Fluctuations sur l’échelle du bonheur

 Dans l’épisode 05 de L’Appel de la nature, nous vous transportions avec nous aux Îles-de-la-Madeleine, où nous y profitions de vacances fort bien méritées! À cette période de notre projet, partir plusieurs semaines en vacances en famille, auprès de gens qu’on aime nous a fait le plus grand bien et nous a permis de refaire le plein d’énergie. Nous en avions physiquement et mentalement besoin… Pour mieux attaquer la suite de notre aventure! Il est toujours bon de prendre un pas de recul; ça donne une perspective nouvelle, ça ravive l’étincelle et permet de revoir ses objectifs, de peaufiner, d’adoucir les angles. C’est inspirant.

Le retour

 Le problème avec les vacances, ce n’est pas nécessairement qu’elles se terminent, mais surtout que le monde, lui, n’en prend jamais, et qu’il faut remonter sur le train en marche. C’est brutal et c’est stressant. Nous étions au mois d’août et nous sentions se rapprocher le moment dont on avait le plus envie, mais aussi le plus peur: celui du déménagement. Nous anticipions déjà la charge de travail du bureau jumelée à la gestion de la famille, du chantier, du déménagement lui-même et des inévitables émotions qui accompagnent une période de transition aussi grande. Nous doutions que tout puisse se dérouler en douceur…

 Nous avions beau en avoir conscience et s’y être préparer, tout était à faire en même temps: le ménage, les boîtes, les visites au chantier, les achats de fournitures scolaires, les préparatifs de la fête d’Adèle, l’élevage du chiot, notre installation temporaire au Hibou — le chalet familial — juste à temps pour le début des classes, la gestion des dossiers de nos clients… De jour en jour, nous sentions la déferlante se gonfler et menacer de nos engouffrer tout rond!

Deux funambules

 Simon et moi, nous sommes un duo d’acrobates… Deux funambules! Le secret de notre couple, c’est qu’il s’agit aussi d’une équipe; nous suivons chacun son instinct, et faisons confiance à celui de l’autre. Nous pouvons aussi nous parler franchement parce que nous nous respectons mutuellement. Les folies que nous faisons, nous les faisons ensemble, parce que nous nous aimons… Ce sont tous ces atomes crochus qui nous tiennent soudés et qui font que notre couple fonctionne autant que notre association d’affaires.

 Pour le mois et demi qui s’amorçait, Simon et moi avions décidé de nous partager les tâches, chacun de notre côté, afin de gérer deux réalités complètement différentes. Lui allait s’installer à Val-des-Lacs et se charger du chantier, des enfants et de la routine, pendant que je resterais à Repentigny jusqu’à la remise des clés de la maison, avec le chiot, à préparer le déménagement et les dossiers en cours de la compagnie. À deux, nous allions vaincre la tempête!

Défi de taille

 La création d’une maison qu’on souhaite habiter toute sa vie est un défi de taille. Au-delà de son esthétique, il faut anticiper ses besoins à court, moyen et long terme, puis prendre les bonnes décisions et faire les bons compromis. Malgré l’avantage net que nous procurent sur ces points nos connaissances et aptitudes professionnelles, ce genre d’exercice demeure exigeant. Heureusement, Simon et moi avons la même vision d’une maison réussie, c’est-à-dire qu’elle doit être avant tout ergonomique et fonctionnelle. Pour nous, ce sont des critères primordiaux qui guident chaque ébauche d’un nouveau projet. Nous privilégions aussi l’entrée maximum de lumière naturelle et tentons chaque fois d’intégrer des éléments coups de cœur et des essentiels; ce sont eux qui créent la magie.

 Les vacances nous avaient permis d’ajuster certains détails des plans. Nous y étions donc finalement: les plans finaux étaient prêts pour l’impression, pour être ensuite envoyés à l’entrepreneur.

 Étourdis par l’euphorie « d’être déjà rendus là », nous nous sentions soudainement presque invincibles, sur notre lancée! C’était la période d’un chantier où les choses avancent vite, mais c’est une période qui ne dure généralement pas longtemps… La phase de finition paraît souvent éternelle. C’est une phase où chaque détail compte, où la minutie est de mise. Et c’est une phase qui peut s’avérer anxiogène parce qu’elle coûte cher. D’ailleurs, notre entrepreneur, Jean-François Marion, de Marion & Gauthier, a tôt fait de nous ramener à la réalité: même si les poutrelles, les murs et les fermes de toit étaient à leur place, il n’était pas envisageable d’aménager dans la nouvelle maison avant Noël — ce qu’au fond nous savions… Il fallait prendre notre mal en patience et s’installer le plus confortablement possible dans notre nouvelle routine temporaire.

Chantier_L'appel de la nature

Reconnaissance et ressourcement

 Il faut tout de même dire que le cadre de cette nouvelle routine était formidable! Nous ressourcer dans le Nord et mettre la main à la pâte le plus souvent possible nous faisait un bien fou! On voyait la maison évoluer et c’était rassurant. Dès qu’on perdait courage, il suffisait de fermer les yeux et de respirer le grand air.

 Les fondations coulées, l’électricité enfouie, l’excavation complétée, les premières grosses livraisons de matériaux sur le site et la structure allait à son tour être finalisée sous peu. Parce qu’une mauvaise lecture de plan suffit à générer un tas de problèmes évitables, nous supervisions le chantier tous les jours. Nous étions profondément reconnaissants de pouvoir loger temporairement au Hibou, qui nous permettait de vivre à deux minutes du chantier — un luxe que tous les propriétaires en construction ne peuvent pas se permettre.

Chantier_L'Appel de la nature

La cabane

On dit qu’il n’y a rien de trop beau… En se rapprochant de sa famille, on devient plus fort, parce qu’il y a l’entraide, l’amour et la joie de partager. Il est facile, en famille, de rêver grand et de refaire le monde. C’est ainsi qu’au gré d’une conversation, quelque part en avril nous est venue l’idée folle de dessiner les premières esquisses d’une cabane à sucre familiale, idéalement construite à l’été et prête à bouillir dès le printemps suivant. Pourquoi pas? 

 Il faut dire que nous avions la chance d’avoir la personne d’expérience toute indiquée (et bien équipée) pour mener à terme ce projet: notre formidable Bernard, notre beau-père, auquel nous devons déjà bien des projets réussis. Pouvoir compter sur une personne clé bourrée de ressources, jamais à court de solutions, présent, généreux de son temps et qui ne demande rien en retour, c’est un cadeau du ciel! 

 D’ailleurs, dans ce projet de cabane à sucre, Bernard voyait comme nous une belle occasion de transmettre du savoir aux plus petits et d’inculquer des valeurs précieuses, dont l’entraide. Dès le départ, nous sentions que ce projet serait enrichissant pour chacun de nous. Défricher, fendre et corder du bois, le transformer en planches au moulin, puis se servir de ces planches pour bâtir un lieu qui nous serait cher à tous; discuter d’écologie et de revalorisation de la forêt, puis apprendre, petit à petit, les rudiments de l’acériculture… Notre indice familial sur l’échelle du bonheur atteignait des sommets, et la sève qui se mettrait à couler au printemps prochain allait probablement le faire monter encore!

Concept cabane _ L'Appel de la nature

Écoresponsabilité

En construction, comme en toutes choses, s’informer est la base pour prendre des décisions éclairées. Avant de nous lancer dans notre projet, Simon et moi avions décidé, durant la pandémie, de nous inscrire à un certificat de design de bâtiments écologiques afin d’approfondir nos connaissances du sujet. Nous souhaitions également intégrer ces notions à nos projets professionnels. Suite à cette formation, nous étions franchement mieux équipés pour faire des choix qui seraient bons pour nous et pour la planète sur le long terme. Nous souhaitions depuis nos premières ébauches construire un bâtiment performant et durable auquel nous annexerions quelques principes d’une maison résiliente au fil des ans, mais concrètement, ça voulait dire quoi?

Voici quelques choix que nous avons faits en phase avec ces valeurs:

  • Pour réduire notre future consommation d’énergie, nous avons opté pour une orientation solaire passive, un plancher radiant en béton, un foyer au bois très performant et une isolation surpassant les normes exigées par le code du bâtiment, soit R34 au niveau des murs;
  • Nous avons sélectionné des matériaux durables, comme une toiture et un revêtement extérieur métallique;
  • Afin de tendre vers une autonomie alimentaire et réduire notre consommation d’eau, nous avons intégré une serre à la maison;
  • Nous allons faire usage du maximum de ressources disponibles sur place — terre, bois, énergie solaire, terre nourricière…
  • Nous avons prévu un plan de contribution à la régénération de notre forêt, incluant la réintégration d’espèces végétales disparues qui contribueront à l’équilibre de la faune environnante, et ce n’est qu’un début!

 

Et vous, votre maison de rêve, l’imaginez-vous saine et naturelle? Hautement performante? Écologique et durable? Résiliente ou volontairement simple? Parce qu’il faut souvent choisir et prioriser ce qui nous convient le mieux… Lequel de nos choix seriez-vous tenté de faire aussi?

 

Maryse

 Crédit photo: Isabelle Emond, Îles-de-la-Madeleine. CASA: Reconnaissance et ressourcement + La cabane

 

Rendez-vous sur CASA les lundis à 20h pour écouter L’appel de la nature, ainsi qu’en rediffusion.

Saviez-vous que des capsules exclusives montrant des extraits inédits sont disponibles sur la page web officielle de l’Appel de la nature? Pour les visionner, copiez ce lien dans votre navigateur :

➡️ https://www.qub.ca/tvaplus/tout-voir-inedits/casa/l-appel-de-la-nature/saison-1

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