Le début d’avant… le début
Ça y est! C’était lundi que CASA diffusait le premier épisode de notre série documentaire L’appel de la nature! Quelle fierté, quelle joie! En même temps, quelle étrange émotion de nous voir revivre le début de cette aventure sur petit écran… Avec le recul, il est encore plus évident pour nous que les premières images que vous avez découvertes hier ne sont pas vraiment celles qui ont donné le réel coup d’envoi à ce projet, puisqu’il s’était déjà amorcé dans nos têtes, dans nos cœurs, et immiscé dans notre quotidien bien avant le premier tournage télé et la première pelletée de terre!
Discussions et vertiges
C’est plutôt par un matin gris du mois de mars 2020 que nous avons littéralement tout remis en question – oui, oui, ce fameux mois de mars-là. Jusque là, nous n’avions jamais véritablement eu de temps pour nous arrêter et réfléchir, ou du moins jamais autant. Que voulions-nous vraiment en tant que personnes, en tant que couple ou en tant que parents? La pandémie battait son plein et chez nous, la pause nous a forcés à nous déposer. Un jour, assis sur le canapé à regarder en direction du voisin d’en face, dans notre quartier de banlieue tranquille datant de 1965 où habitaient encore la majorité des propriétaires d’origine, nous avons réalisé qu’adorer notre maison ne nous suffisait plus. Nos désirs et nos idéaux avaient changé, et ce lieu où nous vivions, bien que confortable, ne nous correspondait plus. Le choc a été sec, la prise de conscience surprenante; personne n’aurait pu prédire ce qui venait de se passer, et encore moins ce qui allait suivre! La décision de vendre s’est avérée l’une des plus difficiles qu’il ne nous a jamais fallu prendre. Nos discussions donnaient le vertige, nous passions de l’excitation au déchirement, du rêve à l’angoisse, totalement désemparés, mais aussi sûrs qu’il fallait répondre à cet appel qui résonnait de plus en plus fort en nous. Au fil des jours, les contours du projet se sont précisés: nous allions nous autoconstruire en forêt, près de la famille et des amis, dans un coin de pays qui était le nôtre, où il fait bon vivre, où tout est possible et où nous allions gagner du temps de qualité parce que la vie y est plus simple. Nous savions que le défi était à notre portée. Nous savions que nous détenions les acquis nécessaires pour y croire.
La parcelle
L’économie de partage est une notion à laquelle nous adhérons et nous croyons beaucoup. Il s’agit d’une belle façon de profiter de la vie sans se ruiner. Dans notre cas, cette solution nous a permis d’acquérir une seconde résidence en partageant les frais et les fardeaux d’un chalet avec des amis. Nous en avions fait l’acquisition en 2016, et avions décidé dès l’achat que l’échéance de ce projet commun serait en 2020, suite à sa rénovation. Nous étions alors loin de penser qu’une pandémie frapperait à ce moment, provoquant un affolement du marché immobilier! Mis en vente avec un succès rapide, notre ancien chalet nous a donc regarni les poches et préparés à dénicher le terrain de nos rêves – dont l’achat n’est généralement pas financé par les banques, le saviez-vous?
Pour être entièrement franche, le terrain de nos rêves, nous l’avions déjà en tête, mais il n’était pas à vendre; nous souhaitions convaincre ma mère de scinder son lot de terre en deux, mais pour elle, la chose était hors de question. Elle avait à cœur de continuer de protéger cette parcelle de forêt des envahisseurs, afin de pouvoir la léguer à ses petits-enfants. Il aura fallu plusieurs discussions pour arriver à la convaincre que notre intérêt n’allait pas s’émousser, qu’à notre tour nous souhaitions la léguer à nos filles et qu’en s’y établissant maintenant, elles aussi allaient s’y attacher réellement, apprendre à l’aimer, l’entretenir, l’embellir et la protéger. Au fond, nous avions une aspiration commune, et c’est ce qui nous a permis d’arriver avec elle à une entente.
Parallèlement, nous planchions déjà en secret sur la première version des plans de notre future maison, qui a nécessité plus de 200 heures de travail, extirpées tant bien que mal de nos horaires chargés les jours, les soirs et les fins de semaine.
Le processus
Vous aimez les listes? Petit résumé des tâches qui vous attendent lorsque vous vous lancez dans un projet d’autoconstruction:
- Choix du terrain
- Dessin de la maison
- Achèvement des plans de base
- Choix de l’entrepreneur général
- Recherche d’un créancier
- Déblocage du financement
- Demandes de soumissions
- Analyse des soumissions
- Révision et modification des plans pour respecter le budget
- Analyse de la soumission révisée
- Deuxième révision et modification des plans pour mieux respecter le budget
- Recherches de matériaux
- Recherche de stratégies permettant d’optimiser le budget
- Élaboration des plans finaux
- Poursuite des démarches de financement
- Apprentissage des rudiments de l’autoconstruction
- Lotissement du terrain
- Achat du terrain
- Signature devant notaire
- Arpentage
- Dessin du plan d’implantation
- Demandes de permis multiples
- Obtention du financement
- Déboisement
- Buchage et cordage du bois
- Rencontre avec l’excavateur
- Implantation du chemin
- Excavation du chemin
Du printemps à l’automne 2020, il nous a fallu nous assurer de venir à bout de cette liste infernale, tout en essayant de rester concentrés sur notre travail, en poursuivant nos mandats et en maintenant un semblant de vie de famille normale… En filigrane, la pandémie de COVID-19 battait son plein et ne nous a accordé aucun répit, nous obligeant comme le reste du monde à réinventer notre quotidien. Les écoles forcées de fermer leurs portes, nous avons dû faire l’école à la maison; l’engouement pour la rénovation qui s’est emparé des Québécois a provoqué chez nous une explosion de la demande au point de vue professionnel; l’imprévisibilité, les pénuries de matériaux, les retards et les délais causés par les nombreux confinements ont compliqué à la fois notre travail et la préparation de notre projet d’envergure.
Déjà essoufflés, mais tellement passionnés, nous avons dû mettre les bouchées doubles tout au long des démarches préliminaires, laissant le cœur et l’esprit nous dicter le chemin. Ces démarches ont duré plus d’un an et 30 réitérations de nos plans ont été nécessaires pour parvenir à la version officielle.
La saison des premières fois
C’est en décembre 2020 que roulait enfin une première fois l’excavatrice sur le site, charriant avec elle un sentiment de fierté extrême, beaucoup d’excitation, beaucoup de bonheur, mais aussi une véritable panique généralisée: le chantier était lancé, impossible de revenir en arrière, il fallait foncer!
Commençait du même coup la saison des premières fois, et il allait y en avoir beaucoup. Le chemin était féérique la première fois que nous y sommes montés en voiture, avec la première neige qui y tombait. Arrivés en haut, quel choc! Le plateau était déjà très avancé et on pouvait s’y projeter réellement. Il était clair que nous avions du pain sur la planche, mais une chose était certaine: la vie serait merveilleusement belle, là-haut, sur la montagne. L’hiver s’installait, l’année s’achevait… Il fallait refaire le plein d’énergie parce que la suivante s’annonçait plus que remplie!
C’était aussi le début des mille et une questions sans réponse. Fausse sceptique, gravier, fils électriques souterrains, fils d’internet… Les recherches se suivaient, s’accumulaient, nous décontenançaient… Il fallait apprendre, et vite!
La surprise d’Adèle
Au moment de vendre la maison, Adèle, notre fille aînée, a eu du mal à encaisser le coup; à l’orée de l’adolescence, la pilule a été plus difficile à avaler. La voir perdre ses repères nous a été déchirant et les mots de consolation durs à trouver… Lorsqu’on se lance, lorsqu’on avance à tâtons et qu’on ignore ce qui nous guette ou nous attend, il est terriblement facile d’imaginer le pire, tellement qu’on oublie du même coup que le meilleur aussi peut survenir. Le jour où nous avons rencontré nos nouveaux voisins, Adèle a retrouvé son beau sourire en découvrant leurs trois filles d’âges similaires. Un baume sur son cœur – et sur les nôtres!
Et vous, avez-vous tendance à laisser la peur prendre le dessus ou à croire en l’infinie capacité de la vie de nous surprendre pour le mieux?
Maryse
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Un espace intime
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Rendez-vous sur CASA les lundis à 20h pour écouter L’appel de la nature, dès le 28 février 2022.