Les hauts et les bas de la construction en montagne
Les dernières semaines ont été mouvementées… Ouf! Alors qu’étaient diffusés les épisodes 03, 04 et 05 de l’Appel de la nature à CASA, nous, dans la réalité, nous atteignions enfin la fin du parcours, ou plutôt le début du reste de notre vie – des moments que vous vivrez avec nous un peu plus tard à l’écran! Maintenant que le chaos est (presque) derrière nous, je suis heureuse de prendre le temps de vous écrire et de vous faire part de mes impressions de ces épisodes chargés.
La Crête
Lorsqu’est venu le moment d’implanter la maison sur notre bout de terre nouvellement acquis, il était évident pour moi que l’endroit parfait se trouvait sur La Crête — un emplacement fascinant que nous avions déjà découvert et baptisé bien avant de savoir que nous allions nous y établir un jour et offrant une vue spectaculaire. Cet endroit de la terre de ma mère, c’est comme si j’avais toujours su qu’il m’était destiné; il y a longtemps que je l’ai pris d’affection et maintenant, la vie m’en fait cadeau. Je pourrai contempler sa beauté à toute heure du jour et en toutes saisons!
Construire en montagne
Rêver d’une maison en montagne, c’est facile; construire la maison, l’est moins! L’excavation en zone montagneuse ne faisait franchement pas partie des connaissances que nous maîtrisions, ni Simon ni moi. Nous avons donc commencé par nous préparer adéquatement en concevant nos plans d’implantation à partir d’un relevé LiDAR de notre parcelle. Le LiDAR est l’une des technologies les plus récentes en topographie et en cartographie; il permet de générer un modèle numérique d’un terrain, ainsi que ses courbes de niveau. Une fois la planification terminée, il était temps de faire appel à des spécialistes, mais encore une fois, en montagne, rien n’est simple.
Il nous fallait trouver un excavateur capable de travailler malgré les particularités du site. Nous cherchions quelqu’un qui savait lire un plan et passerait en mode solution en cas de besoin. C’est lui qui allait nous ouvrir l’accès au terrain. Il allait préparer le chemin, remplir les fossés, niveler; il allait permettre les installations septiques, l’enfouissement des connexions électriques, préparer le trou où serait fondée la maison, effectuer son remblai et préparer l’aménagement paysager sommaire. Nous cherchions quelqu’un de confiance, ayant l’expertise nécessaire et le souci d’effectuer son travail sans saccager notre belle forêt… En gros, nous cherchions la perle rare!
Puisqu’un terrain révèle souvent des surprises au creusage, nous savions qu’un excavateur de la région saurait mieux les gérer et nous donnerait une longueur d’avance. Nous avons cependant remarqué une tendance chez plusieurs soumissionnaires à nous considérer comme des « touristes en moyens »; certaines des soumissions qui nous ont été faites étaient exorbitantes, du simple au double, sans raison valable… Après différentes démarches, c’est finalement à Hugues Lanthier, un ami de longue date habitant la région, que nous avons accordé toute notre confiance. Simon et moi considérons sincèrement qu’il a été l’une des clés du succès de notre projet, car sans son expertise, son équipe et leur talent, la route aurait probablement été semée d’embûches – c’est le cas de le dire!
Entre le mental et le physique
Au bureau, la folie se poursuivait! Nous devions donc composer avec un horaire complètement dingue, partageant nos semaines entre le bureau et le chantier, ajoutant à notre charge mentale professionnelle, efforts physiques et travaux manuels! Nous passions nos week-ends dans les Laurentides à bûcher du bois, du matin au soir, puis reprenons le travail le lundi venu. Bien qu’épuisante, cette routine rendait concrète la réalisation de notre projet. Nous nous sentions malgré tout en équilibre, entre le physique et le mental, entre le rêve et la réalité qui prenait forme. Au bout de chaque journée, la fatigue était belle et nous rendait fiers.
Cela dit, des enjeux d’un autre niveau nous faisaient craindre des délais majeurs, qui pourraient avoir des effets dramatiques sur notre chantier. La situation devenait de plus en plus angoissante; une pénurie de béton avait cours au Québec et les carnets de commandes des fournisseurs de poutrelles de plancher et de fermes de toit débordaient… Nous prenions du retard, et nos économies fondaient à cause des lourds acomptes qu’il nous fallait donner sur une panoplie de commandes d’autres matériaux. Face à des défis hors de notre contrôle, il ne nous restait plus qu’à croiser les doigts et prier pour que le vent tourne en notre faveur.
Garder le cap
Parallèlement au tourbillon qu’était notre vie, nous nous estimions franchement chanceux de collaborer avec une clientèle compréhensive. Plusieurs des projets de Société Design, dont quatre transformations complètes, souffraient des mêmes perturbations que le nôtre… Nous nous disions souvent qu’en pandémie, le milieu de la construction avait beau rouler à fond de train, il ne roulait pas toujours rond. Les pénuries s’accumulaient, les délais devenaient déraisonnables, les contraintes sanitaires compliquaient tout… Il fallait rester forts, se montrer agiles et garder le cap, trouver des façons de garder le sourire bien franc et l’espoir que les choses s’arrangeraient.
C’est en famille que nous arrivions à nous ressourcer. Nous avions envie de nous créer de beaux souvenirs, malgré le chaos, de vivre de beaux moments, de doux moments… Des moments clés, pour s’accrocher, refaire le plein et voir au-delà du train-train, le tableau complet, l’avenir heureux qui se préparait pour nous. Durant cette période, nous ne rations aucune occasion de nous gâter, de nous changer les idées; nous avons joué dehors, profité de nos proches, exploré notre nouvel environnement avec des spécialistes de la forêt, nous avons adopté un chien… Ces moments étaient les premiers de ceux dont nous avions rêvé, ceux qui étaient à l’origine de notre projet d’autoconstruction; les premiers des moments parfaits, des moments vrais, qui nous avaient manqué auparavant et qui avaient motivé notre désir de nous lancer. Ils n’étaient que le début.
Notre carrière “Miron”
Vint finalement le moment où la commandes de béton fut livrée sur le chantier, avec seulement plus ou moins deux semaines de retard – un miracle! Les semelles furent coulées, l’excavation se poursuivait… Le chantier avait soudainement l’air d’une mine: « notre carrière Miron »! C’était tellement impressionnant! Le trou était gigantesque au point de donner physiquement le vertige! Il est rare dans notre travail que nous soyons appelés sur un chantier à l’étape des fondations. Nous visitons généralement les projets un peu plus tard. Construire en forêt a aussi quelque chose de différent; les arbres et l’environnement, si vaste, ont tendance à tromper l’œil, à jouer sur les perspectives. L’échelle des différents éléments est difficile à établir.
Naturellement, un vertige ne nous prend jamais seul… J’avais soudainement peur que nous nous soyons trompés, d’une façon ou d’une autre. Insécurité, fatigue, stress… Simon me rassurait, tout irait bien.
Peut-être avions-nous au fond simplement besoin de vacances? Justement, l’école prenait fin, avec ses horaires compliqués à gérer. Nous étions heureux pour les filles, mais aussi parce que le télétravail allait nous simplifier les choses. Ça sentait bon l’été, l’air était plus léger… Il était temps d’en profiter!
Maryse
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Rendez-vous sur CASA les lundis à 20h pour écouter L’appel de la nature, ainsi qu’en rediffusion.
Saviez-vous que des capsules exclusives montrant des extraits inédits sont disponibles sur la page web officielle de l’Appel de la nature? Pour les visionner, cliquez ici :
➡️ https://www.qub.ca/tvaplus/tout-voir-inedits/casa/l-appel-de-la-nature/saison-1
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